Le cannabidiol (CBD) suscite de plus en plus d’intérêt en tant que composé non psychoactif du cannabis, mais une question revient souvent : peut-on devenir dépendant au CBD ? Voici ce que les recherches scientifiques révèlent.
Le CBD et la dépendance : qu’en dit la science ?
La dépendance à une substance est généralement définie par une utilisation compulsive malgré des effets négatifs, ainsi que par des symptômes de sevrage (anxiété, irritabilité). lors de l’arrêt.
Dans une étude publiée dans la revue Trends in Pharmacological Sciences en 2009, le Docteur Angelo A. Izzo, Professeur et chercheur en pharmacologie à l’Université de Naples Federico II, en Italie et ses collègues rapportent que le Cannabidiol (CBD) contrairement au tétrahydrocannabinol (THC), ne provoque pas d’euphorie ou d’altération de la conscience, n’affecte pas la fonction cognitive ou la perception sensorielle ce qui le rend plus sûr pour une utilisation à long terme (Izzo et al. 2009).
Rappelons aussi qu’en 2017, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que “à l’état pur, le cannabidiol (CBD) ne semble pas présenter de potentiel d’abus, ni être nocif pour la santé”.
En d’autres termes, le CBD ne semble pas entraîner les comportements associés à la dépendance, contrairement à d’autres substances comme le tabac ou les opioïdes.
Le CBD n’a donc pas été identifié comme ayant un potentiel addictif.
Aussi, le CBD ne provoque pas de tolérance (c’est-à-dire le besoin d’augmenter les doses pour obtenir le même effet) ni de symptômes de sevrage lors de l’arrêt. Au contraire, certaines recherches suggèrent même que le CBD pourrait aider à traiter les dépendances, notamment celles liées à la nicotine et aux opioïdes.
La différence entre CBD et THC dans le risque de dépendance
Comme mentionné plus haut, le CBD n’a pas d’effets psychoactifs, contrairement au THC. Le THC, lui, peut provoquer une dépendance, en particulier chez les personnes qui en font un usage régulier et prolongé. C’est pourquoi il est important de choisir des produits contenant du CBD pur ou des produits ayant une teneur en THC très faible (généralement inférieure à 0,3%, selon la législation européenne).
Le CBD et son potentiel pour réduire la dépendance
Des études récentes suggèrent que le CBD pourrait même aider à lutter contre la dépendance à d’autres substances. Une étude de 2013 montre que le CBD pourrait réduire les symptômes de sevrage et prévenir la rechute chez les personnes dépendantes à l’alcool ou à la nicotine (Morgan, CJ et al., 2013), ainsi que chez celles consommant de l’héroïne (Gonzalez-Cuevas et al., 2018) ou des opioïdes (Hurd et al., 2015).
Examen des études sur le CBD et les addictions
En 2015, un article publié dans la revue Substance Abuse: Research and Treatment par des chercheurs de SAGE Publishing a passé en revue des études menées entre 1975 et 2015 sur l’utilisation du CBD pour traiter diverses dépendances. Les résultats suggèrent que le CBD pourrait être efficace pour réduire les symptômes de sevrage, les envies de drogue et les comportements de recherche de drogue chez les personnes dépendantes, y compris pour des substances comme l’alcool, la cocaïne, les amphétamines et les opioïdes (Prud’homme et al., 2015).
Le futur des recherches sur le CBD et la dépendance
Des études cliniques supplémentaires sont en cours pour mieux comprendre l’efficacité et la sécurité du CBD dans le traitement des comportements addictifs.
En France, l’étude CARAMEL, une étude clinique nationale de phase 2, explore l’efficacité du CBD pour réduire la consommation d’alcool. Elle cherche également à déterminer si le CBD peut limiter les lésions cérébrales et hépatiques causées par l’alcool, tout en confirmant son bon profil de sécurité. Les résultats de cette étude sont attendus pour la fin de l’année 2024.
Utilisation du CBD : précautions à prendre
Bien que le CBD ne soit pas dangereux et ne soit pas considéré comme ayant un potentiel addictif, il est essentiel de choisir des produits de qualité provenant de sources fiables et de respecter les dosages recommandés pour éviter tout risque d’interaction médicamenteuse ou d’effets indésirables.
Conclusion
En résumé, bien que le CBD ne présente pas de risque de dépendance selon les études actuelles, il pourrait même offrir un potentiel thérapeutique pour aider à réduire la dépendance à diverses substances. Toutefois, des recherches supplémentaires sont encore nécessaires pour confirmer ces effets chez l’humain.
L’auteure de cet article
Mariettie est médecin généraliste et titulaire du D.I.U Cannabis Médical de la faculté de médecine Paris Saclay. Mariettie conseille Terramedis, producteur de chanvre biologique, en partageant son expertise. Elle participe également aux actions de formation des professionnels de santé et de sensibilisation du grand public.