L’épilepsie, l’une des maladies neurologiques les plus courantes, touche environ 600 000 personnes en France, dont près de la moitié sont des enfants et des adolescents. Pour beaucoup, cette pathologie se révèle être un défi quotidien, notamment en raison des traitements souvent inefficaces ou hautement toxiques. Toutefois, une lueur d’espoir est apparue ces dernières décennies grâce à un cannabinoïde longtemps ignoré : le cannabidiol (CBD).
Un intérêt renouvelé pour le CBD grâce aux parents d'enfants épileptiques
Si les bienfaits du CBD sont aujourd'hui bien connus du grand public, son potentiel en matière de traitement de l'épilepsie n’a été redécouvert que récemment. Des parents d’enfants souffrant de formes sévères d'épilepsie réfractaire, c’est-à-dire résistante aux traitements classiques, ont décidé d'explorer les bienfaits de cette molécule, rapportant des résultats prometteurs.
L’un des cas les plus célèbres est celui de Charlotte Figi, une petite fille américaine atteinte du syndrome de Dravet. Après avoir commencé à utiliser une huile riche en CBD, ses crises sont passées de plusieurs centaines par semaine à seulement quelques-unes par mois. Son cas a contribué à relancer l’intérêt pour le CBD et a conduit à des recherches plus approfondies.
Le cas Charlotte FIGI
Charlotte FIGI, une très jeune patiente atteinte du syndrome de Dravet, est le cas le plus célèbre d’utilisation de cannabis médical pour traiter l’épilepsie.
Charlotte a commencé à recevoir des doses sublinguales d’extrait de plante de cannabis sativa L, en commençant par de faibles doses (2 mg de CBD / kg par jour) et en augmentant jusqu’à 4 mg de CBD / kg par jour.
Cet extrait contenaient une très faible teneur en Δ9-THC, de l'ordre de 0,3%, et une teneur élevée en CBD. Vingt mois plus tard, les crises de Charlotte ont été réduites de 90%, à 2-3 par mois. Charlotte pouvait désormais marcher, parler et faire des activités sans aide.
Après le succès de son traitement au CBD, Charlotte n’avait plus besoin de prendre le médicament antiépileptique Clobazam. La préparation a également commencé à améliorer son comportement autistique. Une réduction des doses de cette préparation a entraîné un retour des crises, indiquant clairement que la préparation avait des effets thérapeutiques. (Maa E et Figi P.; 2014)
Les résultats d'une étude clinique menée avec le Professeur Raphaël Mechoulam
Bien avant ce renouveau, le Professeur Raphaël Mechoulam (1930-2023), pionnier dans l’étude des cannabinoïdes, avait déjà mis en lumière les effets anticonvulsivants du CBD. Une étude clinique menée en 1963 en collaboration avec une équipe Brésilienne portait sur 15 patients atteints d'épilepsie généralisée réfractaire. Ceux-ci ont été divisés en deux groupes : un groupe recevant 200 à 300 mg de CBD par jour et un autre recevant un placebo, et ce, durant 135 jours.
Les résultats furent saisissants : parmi les 8 patients ayant reçu du CBD, 4 sont restés quasiment exempts de crises durant l’expérience. Trois autres ont montré une amélioration partielle de leur état clinique, tandis qu’un seul patient n’a pas réagi au traitement. Aucun effet secondaire grave ni toxicité n'a été observé, renforçant la sécurité d'utilisation du CBD dans un cadre thérapeutique.
Pourquoi cette étude est-elle passée inaperçue pendant 30 ans ?
Malgré ces résultats encourageants, l’étude du Professeur Mechoulam est restée largement méconnue pendant près de trois décennies. Cela s'explique en partie par le climat légal et réglementaire entourant le cannabis à cette époque, qui freinait les recherches et les applications médicales des cannabinoïdes. Ce n’est qu’avec le militantisme des parents d’enfants atteints d'épilepsie sévère que l’attention s’est de nouveau tournée vers le CBD.
Comprendre l'épilepsie pour mieux la traiter
L'épilepsie est un trouble complexe du cerveau, se manifestant par des crises convulsives provoquées par une excitation anormale de groupes de neurones. Si les symptômes les plus connus sont les crises, l’épilepsie peut aussi entraîner des troubles de la mémoire, des sautes d’humeur, et même des symptômes psychiatriques. Il existe environ cinquante types d'épilepsie, chacun avec des caractéristiques propres, rendant le traitement particulièrement difficile.
Les traitements classiques, principalement des médicaments antiépileptiques, visent à stabiliser cette hyperactivité neuronale. Toutefois, ils échouent souvent à contrôler les crises dans les cas réfractaires, tout en entraînant des effets secondaires significatifs.
Comment le CBD agit-il sur l'épilepsie ?
Le CBD présente des propriétés anticonvulsivantes qui ont éveillé l’intérêt des chercheurs et des cliniciens. D'après une méta-analyse réalisée en 2018, les études sur le CBD ont démontré son efficacité à réduire la fréquence des crises, notamment chez les patients atteints de syndromes épileptiques sévères, tels que le syndrome de Lennox-Gastaut ou de Dravet.
Contrairement aux médicaments classiques, le CBD semble agir sur plusieurs systèmes du cerveau, modulant notamment les récepteurs NMDA et les neurotransmetteurs comme le GABA et le glutamate, responsables de l'excitation neuronale excessive. Ces mécanismes restent complexes et continuent d'être étudiés, mais les résultats déjà obtenus laissent entrevoir de nouvelles perspectives thérapeutiques.
L’action du CBD sur l’épilepsie
Dans une étude publiée en 2018 dans le journal Drugs, le neurologue italien de l'Université G. d'Annunzio de Chieti-Pescara et ses collègues ont examiné les résultats de 11 études contrôlées randomisées pour évaluer l'efficacité et la sécurité du CBD chez des patients atteints de différents types d'épilepsie, notamment le syndrome de Lennox-Gastaut et le syndrome de Dravet en situation d'échec thérapeutique.
Les résultats de cette méta-analyse ont montré que le CBD était significativement plus efficace que le placebo pour réduire la fréquence des crises chez les patients atteints d'épilepsie et en situation d'échec thérapeutique avec les antiépileptiques traditionnels. Cependant, l'efficacité du CBD variait selon le type d'épilepsie et la dose utilisée. (Lattanzi S., et al., 2018)
Les phytocannabinoïdes tels que le CBD, le cannabigerol (CBG), la cannabidavarine (CBDV) et le Δ9-La THCV ont démontré des propriétés anticonvulsivantes. Ils peuvent représenter une opportunité prometteuse de développer des alternatives plus sûres aux médicaments antiépileptiques traditionnels. (Farrelly et al. 2021)
Epidyolex : le premier médicament à base de CBD approuvé
L'histoire du CBD dans le traitement de l'épilepsie a franchi un cap en 2018, avec l’approbation par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis du médicament Epidyolex. Ce médicament a été spécialement développé pour traiter le syndrome de Lennox-Gastaut (LGS) et le syndrome de Dravet.
L’Epidyolex est commercialisé en France et délivré sur ordonnance dans les cas d'épilepsie réfractaire aux traitements traditionnels. Malheureusement, dans les faits, il n'est que très rarement utilisé, notamment à cause de son prix. En effet, le flacon de 100mL est vendu à 1066,74 euros. Même si le médicament est remboursé à 65%, le reste à charge est de l'ordre de 370€, ce qui constitut un frein important.
Conclusion
L'utilisation du CBD dans le traitement de l'épilepsie, autrefois méconnue, suscite aujourd'hui un grand intérêt dans le monde médical. Si des recherches supplémentaires sont encore nécessaires pour comprendre pleinement ses mécanismes d'action, les résultats obtenus chez des patients réfractaires offrent un nouvel espoir à des milliers de familles confrontées à cette maladie invalidante. Pour l’avenir, le CBD pourrait bien redéfinir les standards de prise en charge des épilepsies résistantes aux traitements classiques.
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Epilepsie, de quoi parle-t-on ?
Selon l’INSERM, il n’existe pas une mais des épilepsies. Salon cet Institut, il existe environ une cinquantaine de maladies épileptiques (ou syndromes épileptiques). Chacun possède ses propres caractéristiques liées l'âge, à la cause présumée, et à la façon dont les crises se manifestent. Les troubles épileptiques constituent la troisième maladie neurologique la plus fréquente, derrière la migraine et les démences. En effet, on estime à 600 000 le nombre de personnes souffrant d’épilepsie en France. Près de la moitié d’entre elles sont âgées de moins de 20 ans.
Les crises épileptiques se produisent lorsque plusieurs cellules nerveuses dans le cerveau s'excitent de manière anormale en même temps. Cela peut se propager à d'autres parties du cerveau et provoquer une décharge électrique soudaine et intense. Cela entraîne des symptômes tels que des mouvements involontaires, des hallucinations auditives ou visuelles, ou des moments d'absence.
D’après plusieurs théories, les crises d'épilepsie pourraient être en partie causées par des problèmes dans le fonctionnement de canaux d'ions ou de substances chimiques qui aident les cellules du cerveau à communiquer entre elles. Il semble notamment que le GABA et le glutamate soient impliqués. Nous trouvons ces substances à l'endroit où les cellules cérébrales se rejoignent. L'activation de certaines parties du cerveau, comme les récepteurs NMDA, pourrait également jouer un rôle dans la survenue des crises. Cependant, il y a d'autres processus complexes et d'autres substances chimiques qui semblent être impliqués dans la manière dont l'épilepsie se développe.
Aucun traitement ne permet de guérir de l’épilepsie mais le suivi d’un traitement médicamenteux permet généralement de stabiliser la maladie. Les traitements sont par contre bien souvent hautement toxiques